Je ne suis pas musicien et ne joue d’aucun instrument. Mais la musique est une de mes amours. Alors, je prends des notes dans ces chroniques.
OK, les Cocteau Twins sont à la retraite depuis 1996, du moins en tant que duo.
OK, les titres sibyllins de leurs chansons ont fait interner de nombreux traducteurs. Est-ce pour autant que je ne pourrais pas vous raconter mon émotion à l’écoute de cet album maître de leur discographie ?
Heaven or Las Vegas : un CD à écouter quand rien ne va plus.
Je suis comptable. Tous les matins, dans le tramway qui m’emmène vers mes bilans, factures et autres clients douteux, je vois défiler, grâce à ma K7, des images sonorisées par les CT.
La trame de cet album
Cherry-coloured funk : première station de l’album. Pas ma préférée, mais la (ou plutôt les) voix de Liz Frazer se met(ent) en place. Grave, aigu, ce morceau mérite un remix que vous trouvez sur la compilation Lullabies To Violaine, morceau ralenti par Seefeel.
Pitch The Baby arrive sur le quai : un petit bijou, avec une mention spéciale pour la basse omniprésente de Simon Raymonde.
Au tour d’Iceblind luck de s’installer en face de moi. Liz est joyeuse. Les paroles, toujours incompréhensibles (mais à chacun de faire son propre film), tournent en boucle(s).
Liz appelle sa sœur jumelle à la rescousse et finit sur un babyyyyy… (l’album a été enregistré pendant la maternité de la chanteuse et peu après la naissance de son enfant).
Fifty-fifty clown : une excellente bande-son pour mon voyage souterrain. On dirait de l’ABBA sous morphine, avec une rythmique métro-nomique qui, tout à coup, lâche Liz qui rejoint la surface et le titre de l’album… La voix de Liz guide la voie de mon transport urbain qui voit le jour apparaître.
Heaven or Las Vegas poinçonne son ticket. Une des meilleures plages, avoua mon walkman de l’époque. Je vole à 10.000 mètres au-dessus du tram et ferme les yeux lorsque Robin Guthrie m’électrise avec ses guitares.
Le chauffeur de tram reste attentif, car I Wear Your Ring survient, sans crier gare. Un titre calme et très réussi ; le tram résonne en échos aux harmonies de Liz. C’est tellement beau que je ne veux pas quitter ma place. Mais voilà que j’arrive bientôt à destination.
Fotzepolitic : encore un titre à coucher dehors. Une rythmique virevoltante embarque tous les passagers dans une sarabande orange « See and saw bounce me back to you… will you… ». Robin Guthrie se réveille et prend les commandes.
Wolf In The Breast redonne, au carrefour suivant, la priorité à ma chanteuse préférée. Une berceuse pour son bébé, si j’ai bien compris. Le feu est orange, puis rouge, les sons du morceau et de la rue se mélangent bizarrement. Le clip est là, derrière les fenêtres de mon véhicule du jour.
Road River And Rail embarque à son tour, la basse revient sur les rails et de quelle manière ! Liz déroule sans forcer, le tram est dans la dernière ligne droite, dans un décor sombre et hivernal.
J’ai froid, mais Frou-frou Foxes In Midsummer Fires va réchauffer mon spleen peu avant le terminus. CT n’a pas son pareil pour clôturer ses albums. Une longue intro de Liz avec un piano discret, avant l’explosion des sens. Un sommet de dream pop.
Je dois me réveiller, je dois bosser.
Ce n’est pas Cocteau Twins qui va payer mon loyer.
Dans 8 heures et 24 minutes, pourtant, je repars au paradis.
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